Le Courrier 2 octobre

Les autorités neuchâteloises pensent l’après-Transrun

TRANSPORT • Le Conseil d’Etat, les Villes et les parlementaires fédéraux sont unanimes pour relancer un nouveau projet. L’ajournement de la rénovation de la ligne va être demandé.

Après l’échec en votation du projet de RER-Transrun, le canton de Neuchâtel va demander à la Confédération d’ajourner la rénovation de la ligne actuelle. C’est ce qui est ressorti hier d’une première rencontre entre le Conseil d’Etat, les représentants des villes et les parlementaires fédéraux. «Un courrier sera adressé ces prochains jours par le canton à la conseillère fédérale en charge des Transports Doris Leuthard pour solliciter une rencontre dans les meilleurs délais avec une délégation neuchâteloise», a indiqué la Chancellerie d’Etat.
Autres objectifs fixés à l’issue de cette rencontre: confirmer à la Confédération toutes les options du projet d’agglomération et évaluer la question du financement concernant le fonds d’agglomération.

Nouvelle variante en 2013
Il a en outre été convenu «qu’il n’y aura pas de nouvelle(s) variante(s) présentée(s) avant la fin de la législature». Jusqu’aux élections d’avril prochain, «un travail d’analyse et de fond sera mené». Selon le canton, il s’agira d’appréhender une ou des nouvelles options sous un angle technique, mais également politique et financier. Une prochaine rencontre, prévue courant novembre, à laquelle sera associé le président du comité Transrun-non, devrait permettre de valider la structure du groupe de travail et de faire le point sur la situation à la suite de la rencontre avec Doris Leuthard.
Hier, à l’issue de cette première réunion, Laurent Kurth, conseiller communal à La Chaux-de-Fonds et candidat à l’élection complémentaire du 14 octobre au Conseil d’Etat, s’est réjoui «de l’unanimité de tous les participants pour dire que la rénovation de la ligne actuelle n’est pas envisageable et que Neuchâtel doit se profiler comme un agglomération unique organisée autour d’un réseau de transports publics.»
Il relève aussi la volonté de travailler sur un projet «qui fédère l’ensemble des Neuchâtelois et associe toutes les régions». Autre point positif selon lui: l’intention de réaliser le nouveau projet en lien avec la France et les cantons voisins. Le réseau des villes de l’Arc jurassien vient en effet de demander au canton de Neuchâtel de se préoccuper de son insertion dans l’ensemble du réseau et pas uniquement de ses problèmes internes.

Dimension politique oubliée
Si Laurent Kurth s’est félicité que «les dimensions financières et politiques soient enfin prises en compte», il déplore que «les demandes faites pendant deux ans au Conseil d’Etat n’aient pas été entendues». Parmi celles-ci, le souhait que les techniciens rencontrent les communes afin de leur permettre de faire part de leur perception du dossier; la proposition d’envisager un financement alternatif pour les communes (40% à leur charge); ou le désir d’ajourner la date du scrutin pour permettre de créer une adhésion autour du projet.
Quant au fonds de la Confédération pour le Transrun-RER et les nombreuses mesures prévues dans tout le canton dans le cadre du projet d’agglomération de deuxième génération, le Chaux-de-Fonnier reste relativement sceptique sur leur probabilité d’être investis sans devoir être à nouveau sollicités ultérieurement. «Toutes les mesures qui pourront être réalisées en dehors du RER devront être mises en œuvre sans attendre à partir de 2014», note-t-il, avant d’avertir: «La création d’une agglomération et de transports publics vont de pair. Si le canton ne réalise pas la première, il ne parviendra pas à capter l’intérêt pour les infrastructures publiques et la création d’entreprises.»

Une initiative populaire pour un Transrun bis est dans l’air
«Le Haut veut vivre.» C’est sous cette appellation, qui claque comme un cri de colère après le rejet du RER-Transrun, que deux Neuchâtelois ont créé, le soir même de la votation, une page Facebook, forte à ce jour de près de cinq cents membres. Mais loin de se satisfaire d’un groupe d’action sur le web, Robin Erard et Thomas Junod ont réuni dimanche des citoyens prêts à s’engager pour «défendre les intérêts du Haut et remobiliser la population et les politiques». Première action d’envergure, qui sera très probablement lancée ces prochains jours: une initiative populaire demandant «une liaison par transports publics entre le Haut et le Bas en moins de vingt minutes, avec une cadence au quart d’heure». Autre objectif à court terme: mobiliser trois cent nonante-deux personnes –€le nombre de voix qu’il a manqué pour que le «oui» l’emporte€ pour qu’elles s’engagent dans la récolte des signatures.
Une petite dizaine de personnes ont ainsi décidé dimanche de se constituer en association (pour pouvoir recevoir des dons), mais sans structure hiérarchique. Outre un engagement pour une nouvelle votation sur une liaison ferroviaire rapide entre les Montagnes et le reste du canton, «Le Haut veut vivre» réclame le maintien et le développement des infrastructures et des services-clés, le développement de relations avec le Jura, le Jura bernois et la France voisine, ainsi que des propositions pour favoriser l’attractivité des Montagnes. «Nous avons écarté toute idée séparatiste, du moins à ce stade», précise Robin Erard.
Cette plateforme entend également s’engager lors de campagnes politiques qui impactent les équilibres régionaux, maintenir et provoquer le débat sur les questions d’avenir pour les Montagnes et se profiler comme un observatoire des élus sur leur engagement en faveur du Haut. CGM

2 octobre 2012